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L’avenir de la correction : les correcteurs face aux intelligences artificielles

Le métier de correcteur est-il menacé ?

L’évolution rapide de l’intelligence artificielle suscite des questionnements sur son impact potentiel dans divers domaines. L’un de ces secteurs sous le feu des projecteurs est celui de la correction, où les outils automatisés promettent une efficacité accrue. Cependant, cette avancée technologique soulève également des inquiétudes quant à la possible disparition des correcteurs et correctrices humain(e)s. Est-ce que l’intelligence artificielle remplacera les correcteurs professionnels ?

On ne peut pas réfuter que l’intelligence artificielle a des atouts sur les humains. Elle est plus rapide, plus efficace, plus rigoureuse. Elle ne peut pas avoir de baisse de concentration ou d’urgence familiale. En somme, comme dans n’importe quel domaine, l’intelligence artificielle présente des atouts qui ont justifié son invention.

Efficacité
et rapidité

Les intelligences artificielles sont capables d’analyser de grandes quantités de texte en un clin d’œil (même si elles n’en ont pas), repérant chaque petite erreur grammaticale et faute d’orthographe avec une grande précision, et ce presque instantanément. Quand le temps presse, la rapidité et l’efficacité de l’intelligence artificielle sont un atout de taille.

Moindre coût

À la différence des correcteurs, les intelligences artificielles ne coûtent rien, ou pas grand-chose : il n’y a pas de salaire à payer, seulement un abonnement dans certains cas, et ils n’ont pas besoin de repos : les intelligences artificielles travaillent 24h/24. Cela permet de démocratiser la correction et de la rendre accessible à un plus grand nombre d’individus, qui n’ont pas forcément le budget nécessaire. Cela peut être très utile pour les auteurs auto-édités, par exemple.

Apprentissage
continu

Les intelligences artificielles apprennent en permanence à partir de nouvelles données, améliorant constamment leur capacité à repérer des nuances linguistiques et des tendances émergentes. Leur seule limite est la base de données que nous, humains, leur mettons à disposition. Avec suffisamment d’exemples et de règles, les intelligences artificielles peuvent être capables de corriger n’importe quelle faute.

La subtilité humaine

La correction ne se limite pas seulement à des règles grammaticales strictes. Elle implique souvent la compréhension du contexte, des intentions de l’auteur et de la tonalité du texte. Ces aspects subtils sont difficiles à enseigner aux intelligences artificielles, puisqu’ils sont très subjectifs.

Le risque de stéréotypage

Les modèles d’intelligence artificielle peuvent reproduire des biais présents dans les données sur lesquelles ils sont formés. Cela pourrait entraîner des corrections inappropriées ou des préjugés linguistiques.

Le facteur humain

Les correcteurs et correctrices apportent une compréhension émotionnelle et culturelle qui peut être difficile à reproduire artificiellement. Ils peuvent également détecter des erreurs liées au contenu ou à la logique qui vont au-delà des capacités actuelles des intelligences artificielles. Celles-ci ne verront peut-être pas une erreur d’homophone ou paronyme ; la phrase peut faire sens, mais le contexte fait la différence.

La complexité des phrases

Pour le moment, les intelligences artificielles ont beaucoup de mal avec les phrases complexes. Imaginez une phrase avec une ou plusieurs subordonnées : plutôt que de chercher le sujet auquel se rapportent un adjectif ou un participe passé, une intelligence artificielle aura tendance à faire au plus simple et à accorder avec le mot le plus proche. Seul un correcteur de chair et d’os peut comprendre le sens de ce genre de phrases.

Aujourd’hui, beaucoup de correcteurs utilisent des logiciels de correction, comme ProLexis ou Antidote. Malgré leur expertise en correction de la langue française, ils ont des lacunes : ils rajoutent parfois des fautes en pensant en corriger et inventent parfois même des mots (j’ai récemment vu la conjonction de coordination « ou » être transformée en « olle »… Parce qu’il y avait un nom féminin placé devant).
Il faut donc forcément passer après le travail d’une intelligence artificielle pour vérifier qu’il n’y ait pas de faute !

Plutôt que de percevoir le débat comme un bras de fer entre les machines et nous, il serait peut-être plus pratique d’envisager une certaine collaboration. Imaginons devenir des sortes de cyborg.
Les intelligences artificielles peuvent s’occuper des tâches répétitives, comme les fautes d’orthographe pour lesquelles il suffit d’un dictionnaire, laissant ainsi aux correcteurs et correctrices le champ libre pour se concentrer sur les aspects plus délicats et nuancés de la correction.

Il semble probable que, dans un futur relativement proche, nous verrons les intelligences artificielles s’inviter progressivement dans le domaine de la correction. Cependant, l’idée que les correcteurs humains soient complètement remplacés n’est pas si certaine : la langue est si pleine de nuances et de contextes que la contribution humaine semble irremplaçable, apportant une touche unique et chaleureuse à l’art délicat de la correction.

L’avenir de la correction, selon moi, se dessine dans une collaboration harmonieuse entre l’intelligence artificielle et les correcteurs. Les outils automatisés, bien qu’impressionnants par leur efficacité et leur rapidité, ne peuvent pas forcément rivaliser avec la profondeur de l’expérience humaine. Pour moi, la clé réside dans la reconnaissance des forces uniques de chaque partie. Nous pouvons forger un partenariat où la technologie et l’humanité se complètent mutuellement pour améliorer la correction.